En 2019, Adrien Taquet, avait souligné l’importance de faire de la prévention en santé du jeune enfant une priorité gouvernementale. À cette occasion il proposera de refonder les PMI, en commençant par un changement de nom : “Maison des 1000 premiers jours et de la santé de l’enfant”.
Cependant, ce changement de nom de la PMI pose plusieurs questions : sera-t-il compris par le grand public ? Que pensent les professionnels de cette proposition ? Intégrer les 1000 premiers jours à son nom ne renforcera-t-il pas les idées reçues sur la PMI ?
De “PMI” à “Maison des 1000 premiers jours et de la santé de l’enfant” : l’avis des professionnel.le.s de PMI
Selon une enquête menée par l’Agence Kalia auprès de 300 professionnels de PMI, 91% des estiment qu’un changement de nom influencerait positivement la fréquentation du service.
Toutefois, seuls 35% adhèrent à la proposition d’Adrien Taquet : “Maison des 1000 premiers jours et de la santé de l’enfant”
Depuis 1945, les services de protection maternelle et infantile (PMI) sont devenus des acteurs majeurs dans l’accompagnement des parents et futurs parents, de la période prénatale aux premières années de vie de l’enfant. En étant aux côtés des parents avant, pendant, et après la grossesse, la PMI joue un rôle essentiel dans la santé et le bien-être des enfants, notamment durant les 1000 premiers jours.
Cependant, le terme “Protection maternelle et infantile”, apparu en 1918 dans un contexte de lutte contre la mortalité infantile n’a jamais évolué.
Bien que la lutte contre la mortalité infantile reste une priorité, au fil de son histoire, la PMI a accordé de plus en plus de place à la prévention. Ainsi, ce nom continue de véhiculer l’image d’une structure centrée sur la protection des femmes (mères) et des enfants, au détriment de la prévention.
C’est pour mieux refléter les missions et enjeux de la PMI qu’Adrien Taquet préconise de changer le nom “PMI” en “Maison des 1000 premiers jours et de la santé de l’enfant”.
Cependant 65% des professionnels que nous avons interrogés ne sont pas convaincus par cette proposition pour plusieurs raisons , dont deux en particulier.
Le terme est trop réducteur
En effet, les professionnels estiment que ce nouveau nom exclut certains publics. Par exemple, en mentionnant les 1000 jours, cela exclut les enfants de plus de 2 ans.
« En PMI, un suivi est assuré bien au-delà des 1000 premiers jours (jusqu’à 6 ans pour les enfants) mais aussi durant la grossesse et tout au long de la vie des femmes avec les consultations de suivi gynécologique et de prévention proposées en centre de santé sexuelle. »
« La PMI intervient pour la tranche d’âge 0-6 ans hors les 1000 premiers jours ne vont que jusqu’aux 3 ans des enfants »
Le période des 1000 jours est méconnue du grand public
Plusieurs d’entre eux constatent que les familles qu’ils accompagnent n’ont qu’une compréhension limitée de ce que représentent les 1000 jours.
« Je ne pense pas que cela parle plus aux gens “1000j” il y en a beaucoup qui ne savent pas ce que c’est. »
« La maison des 1000 jours n’est pas très explicite pour les familles, souvent ils ne connaissent pas ou ne savent pas à quoi cela correspond »
« Maison des 1000 jours, cela reste encore flou dans la population générale. Pour les familles qu’est-ce que cela peut vouloir dire? Ils peuvent imaginer qu’il y a une possibilité d’hébergement. »
Les 1000 premiers jours : une période inconnue du grand public ?
Pour mieux comprendre la perception du concept des 1000 premiers jours au-delà des professionnels de la PMI, nous sommes allées interroger les Angevins directement dans la rue.
L’objectif était de recueillir leurs impressions sur la proposition d’Adrien Taquet.
Certains interviewés ont trouvé ce nouveau nom plus explicite et évocateur que l’acronyme “PMI”. Toutefois, le concept des 1000 premiers jours reste encore flou pour certain ou abordé trop tard dans la maternité.
La proposition de changer le nom de la PMI en “Maison des 1000 premiers jours et de la santé de l’enfant” reflète une volonté de recentrer les missions de ces services sur une approche préventive, axée sur les premières années de vie, cruciales pour le développement de l’enfant.
Si l’idée d’Adrien Taquet a le mérite de mieux aligner le nom des PMI avec leurs missions actuelles, celle-ci soulève plusieurs interrogations, notamment en ce qui concerne la compréhension du terme “1000 premiers jours” par les familles.
Chez Kalia, nous sommes convaincus que changer le nom de la PMI permettrait de redonner un nouveau souffle au service. Bien que la période des 1000 jours soit cruciale dans le développement de l’enfant, la prévention doit aussi être remise sur le devant de la scène. En 2020, une étude IFOP révélait que seulement 2% des parents associaient la PMI à la prévention.
Les professionnels que nous rencontrons dans le cadre de la formation APR de la démarche Petits pas, Grands pas confirment souvent que le terme “PMI”, et en particulier le “P” de “Protection”, véhicule une image qui leur porte parfois préjudice. Cette notion de protection peut en effet donner l’impression que les PMI se limitent à une intervention corrective plutôt qu’à une approche préventive.
Depuis plusieurs années, le débat autour du changement de nom de la PMI est laissé en suspens, mais nous souhaitons relancer les disussions. C’est pourquoi nous avons mené une enquête en juin-juillet 2024 auprès des professionnels de PMI, des usagers de la PMI et de la population générale en ciblant particulièrement des personnes que ne connaissent pas ce service ou ne l’ont jamais consulté. L’objectif étant de recueillir l’avis de tous ces publics sur le terme “Protection maternelle et infantile”.
Les résultats de cette enquête, qui offriront un éclairage sur la perception de la PMI seront bientôt disponibles. Si vous voulez recevoir le rapport complet de l’enquête directement dans votre boîte mail, vous pouvez remplir ce formulaire.
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