La prévention précoce : un investissement pour l’avenir des enfants

Publié le 8 septembre 2025

Chaque année en France, nous dépensons entre 29 et 116 milliards d’euros (Commission Européenne) pour réparer les dégâts causés par les maltraitances infantiles. Des milliards qui auraient pu être évités avec une approche différente. Que se passerait-il si, au lieu de panser les plaies, nous investissions massivement dans la prévention précoce ?

La prévention précoce, c’est un investissement stratégique qui peut transformer l’avenir de nos enfants tout en générant des économies pour la société. 

Alors, pourquoi continuons-nous à privilégier le curatif plutôt que le préventif ?

L’ampleur des inégalités dès la naissance

Les inégalités ne commencent pas à l’école ou à l’âge adulte. Elles s’installent dès les premiers instants de vie, et même avant la naissance, créant des trajectoires différentes qui marqueront l’avenir des enfants.

Selon la Commission Européenne, le coût des maltraitances infantiles représentent entre 1% et 4% du PIB. Soit, un gouffre financier allant de 29 à 116 milliards d’euros chaque année, en France. Ces montants ne reflètent qu’une partie de la réalité puisqu’ils ne comptabilisent pas la souffrance humaine.

Quand l’environnement social façonne l’avenir

L’environnement dans lequel naît un enfant détermine bien plus que ses premières années. Il définit son avenir. Les enfants issus de milieux défavorisés portent dès leur naissance un fardeau invisible mais réel :

  • Sur le plan médical, ils présentent davantage de risques de prématurité et de faible poids à la naissance. Leur système immunitaire est plus fragile, les exposant davantage aux infections respiratoires. Le stress fait déjà partie de leur quotidien, perturbant leur développement neurologique. Les enfants victimes de maltraitances voient aussi leur espérance de vie réduite de 20 ans. 
  • Sur le plan éducatif, ces enfants accusent des retards d’apprentissage importants dès leur première rentrée scolaire. 
  • Sur le plan social, ils deviennent malheureusement des cibles privilégiées pour les situations de maltraitance et de négligence. Une vulnérabilité qui se transmet parfois de génération en génération, créant des cycles destructeurs difficiles à briser.

Le coût astronomique de l’inaction

29 milliards d’euros : le prix des maltraitance infantiles

Parlons chiffres, parce que parfois, seule la réalité économique parvient à faire bouger les lignes. Les 29 milliards d’euros (minimum) que coûtent annuellement les maltraitances sont dépensés dans : 

  • les hospitalisations, 
  • les suivis psychiatriques, 
  • le décrochage scolaire, 
  • le chômage, 
  • la délinquance… 

Chaque enfant maltraité représente potentiellement des décennies de prise en charge coûteuse pour la collectivité.

Les violences sexuelles : un fardeau de 9,7 milliards

Selon la CIVIISE (2023), les violences sexuelles faites aux enfants génèrent à elles seules un coût annuel de 9,7 milliards d’euros. Derrière ce chiffre, des traumatismes profonds qui nécessitent des années de thérapie, des troubles de l’attachement qui compliquent les relations futures, et des séquelles qui impacteront la vie professionnelle (troubles du sommeil, anxiété…) et personnelle des victimes.

time lapse photography of several burning US dollar banknotes

105 000 € par enfant : l’addition d’une vie brisée

Le calcul est glaçant mais nécessaire : un enfant ayant vécu des situations de maltraitance, d’abus ou de négligence coûtera en moyenne 105 000€ (Conti et al., 2021) sur sa vie entière en soins spécialisés. Cette somme peut même grimper jusqu’à 170 000€ dans certains cas. 

Imaginez maintenant ce que représenterait cette somme investie en prévention précoce. Combien d’enfants pourrions-nous protéger ? Combien de familles pourrions-nous accompagner ? Combien de drames pourrions-nous éviter ?

La double peine des familles vulnérables

Quand la précarité renforce les inégalités sociales de santé

Les familles les plus démunies vivent une injustice criante : leur santé est plus fragile, leurs besoins plus importants, mais paradoxalement, elles fréquentent moins les services de santé. Cette “double peine” amplifie les inégalités et perpétue les cycles de précarité. C’est ce qu’on nomme l’effet Matthieu. 

La méfiance envers les institutions, la peur du jugement, les barrières linguistiques et culturelles, les contraintes géographiques, sont autant d’obstacles qui éloignent ces familles des dispositifs pourtant conçus pour les aider.

Des services de prévention sous utilisé

Nos services de Protection maternelle et infantile (PMI) regorgent de professionnel·le·s compétent·e·s. Pourtant, les familles qui en auraient le plus besoin passent souvent à côté de ces ressources. 

Cela s’explique par le fait que nous attendons que les familles viennent à nous, alors qu’il faudrait aller vers elles. La PMI est un service public universel : en théorie, elle s’adresse à toutes les familles. Mais dans les faits, ses actions préventives sont depuis longtemps orientées vers les familles présentant des facteurs de risque. Cette logique ciblée, souvent nécessaire, laisse de côté une partie des familles et des enfants.

La prévention précoce : une solution rentable

Pourquoi prévenir coûte moins cher que guérir ?

L’économie de la prévention repose sur un principe simple : mieux vaut investir 1€ en amont que 10€ en aval. Si les données chiffrées précises sur le retour sur investissement de la prévention précoce restent encore insuffisantes en France, la logique économique est évidente.

Cette logique s’explique par un effet “cascade” de la prévention. En intervenant tôt, nous évitons non seulement les coûts immédiats de la prise en charge, mais aussi tous les coûts futurs liés aux conséquences à long terme : échec scolaire, troubles psychiatriques, délinquance, chômage…

Le rôle de la PMI dans la prévention

Les services de Protection maternelle et infantile occupent une place stratégique dans le paysage de la prévention. Présente sur tout le territoire, elle accompagne gratuitement les familles dès la grossesse et jusqu’aux 6 ans de l’enfant.

Mais pour que cette mission préventive soit pleinement efficace, la PMI doit évoluer. Elle doit sortir de ses murs, aller à la rencontre des familles vulnérables et innover dans ses approches. Aussi, la PMI doit davantage être identifiée comme un acteur clé de la prévention par les partenaires et les acteurs politiques.

Comment mettre en oeuvre une prévention efficace ?

Au lieu d’attendre que les familles poussent les portes des services de santé, telle que la PMI, nous devons aller les chercher là où elles sont. Cette approche “d’aller vers” nécessite de repenser les modes d’intervention. Cela peut notamment prendre la forme d’un appel systématique à toutes les femmes déclarant une grossesse, comme le propose notre intervention Ariane. Cette démarche permet d’identifier le plus précocement possible les besoins de la mère et de l’orienter vers le·la professionnel·le adapté·e.

Conclusion

La prévention précoce, c’est un choix de société qui révèle nos valeurs et nos priorités. Voulons-nous continuer à gérer les conséquences des inégalités, ou préférons-nous nous attaquer à leurs causes ?

L’investissement dans la prévention précoce c’est parier sur l’avenir de nos enfants. C’est le pari que chaque enfant, quel que soit son milieu d’origine, mérite aussi la chance de réussir sa vie.

Alors que nous dépensons des milliards pour réparer ce qui aurait pu être évité, il est temps de faire un choix : investir massivement dans la prévention précoce. Non seulement nous économiserons de l’argent public, mais surtout, nous offrirons à nos enfants l’avenir qu’ils méritent.L’agence Kalia accompagne les collectivités et les professionnel·le·s dans cette démarche de prévention précoce à travers sa démarche Petits pas, Grands pas et son intervention “Ariane le contact universel”.

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