Avez-vous déjà entendu dire que tous les enfants placés sont des délinquants ? Ou qu’ils sont tous issus de familles défavorisées ? Ces affirmations, bien que répandues, sont loin d’être exactes.
Dans cet article, nous revenons sur 5 idées reçues sur la protection de l’enfance.
“Le placement c’est comme une punition”
Le placement d’un enfant est une mesure de protection et non de punition. Lorsque l’environnement familial est jugé dangereux pour l’enfant, des mesures sont mises en place pour assurer sa sécurité et son bien-être.
Au contraire, nombreux sont ceux qui perçoivent le placement comme un refuge, un endroit sécurisé où ils peuvent recevoir de l’attention et les soins dont ils ont besoin.
Il est important de souligner que le placement n’est pas une solution définitive. L’objectif est toujours de travailler vers une réunification familiale sécurisée, lorsque cela est possible.
Les professionnels de la protection de l’enfance œuvrent pour soutenir non seulement l’enfant, mais aussi sa famille, afin de créer un environnement familial stable et sécurisant.
“Les enfants placés sont des délinquants”
Le placement est une mesure de protection. Ce n’est pas le comportement de l’enfant qui motive cette décision, mais la nécessité de le protéger d’un environnement familial pouvant nuire à son bien-être, sa santé ou son développement.
Ces enfants ont besoin d’être compris et soutenu, pas d’être catalogués comme des délinquants. Le placement est un espace de sécurité où ils peuvent se (re)construire, loin des préjugés.
Il est essentiel de rappeler que le placement n’est pas conditionné par le comportement de l’enfant. De plus, vivre une période de placement ne prédestine pas à la délinquance.
“Les enfants issus de la protection de l’enfance n’ont aucune chance de s’en sortir”
De nombreux jeunes grandissent et s’épanouissent après un passage par l’aide sociale à l’enfance.
Pour certains d’entre eux, la protection de l’enfance a été un tremplin pour s’épanouir dans un environnement stable et sécurisant, loin des difficultés qu’ils ont connues auparavant.
Ils développent des valeurs solides, gagnent en autonomie, s’ouvrent à de nouvelles cultures, apprennent à s’assumer et à ne pas se sous-estimer.
Certes, leur parcours n’est pas toujours facile, mais c’est leur détermination qui leur permet de surmonter les obstacles et de bâtir un bel avenir.
Célia, ayant fait l’objet d’une mesure de protection de l’enfance et membre du Comité “Espoir pour la protection de l’enfance” a d’ailleurs partagé son témoignage à la CNAPE pour contrer ce préjugé :
Le placement m’a été bénéfique dans le travail de la confiance en moi, me positionner, m’assumer, comprendre mes valeurs et ne pas sous-estimer ce que je vaux. Je pense sincèrement que sans ce placement, je serais au même point mort dans ma vie […] et je n’aurais pas eu le même recul que celui que j’ai actuellement, qui me permet de mieux gérer mes émotions, me détacher des problèmes qui ne me concernent plus et à mieux comprendre le comportement de chacun avant d’émettre un mauvais jugement envers la personne.
Vous pouvez également écouter le podcast de France Culture “Enfants placés : jusque-là tout va mal” dans lequel Maëlle et Nadia racontent leur histoire de leur placement à aujourd’hui. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/enfants-places-jusque-la-tout-va-mal-6419380
“Une fois l’enfant placé, les parents n’ont plus leur mot à dire”
Les parents conservent toujours un rôle important dans la vie de leur enfant placé.
Le placement ne suspend pas l’autorité parentale. Cela signifie que les parents continuent d’avoir des droits et des devoirs vis-à-vis de leur enfant, tel que le droit de visite et d’hébergement, le droit de consentir à certains actes médicaux …
Les décisions concernant leur enfant ne se font pas sans eux. Ils sont tenus informés des projets éducatifs, par exemple, et peuvent participer à des réunions de suivi avec les professionnels de la protection de l’enfance.
Si cela est bénéfique pour l’enfant, la structure d’accueil met tout en œuvre pour maintenir le lien avec le(s) parent(s), par exemple grâce à des visites encadrées.
Il faut aussi souligner que le placement n’est pas une solution définitive. L’objectif est toujours de travailler vers une réunification familiale sécurisée, lorsque cela est possible.
Toutefois, il est important de noter que chaque situation est unique. Le retour dans la famille n’est pas toujours envisageable si la sécurité et le bien-être de l’enfant sont menacés (risques de violences, négligences graves, troubles psychiatriques chez un parent…).
“Un enfant maltraité est forcément issu d’un famille défavorisée”
En 2013, Céline Raphaël publie un livre “La démesure”.
Elle y raconte son enfance, pendant laquelle elle était battue quotidiennement par son père… directeur d’usine. Ce livre elle l’a écrit pour prouver que la maltraitance n’est pas marginale et ne concerne pas uniquement les classes défavorisées.
Si la pauvreté peut être un facteur de risque, elle n’est ni la cause unique, ni la cause majoritaire de la maltraitance.
Qu’ils viennent de milieux aisés ou défavorisés, de toutes les religions et de tous les types de familles, les enfants subissent des violences dans des contextes bien plus variés qu’on ne le pense.
Cette idée reçue est aussi alimentée par les statistiques sur la maltraitance infantile qui doivent être interprétées avec prudence.
Comme le souligne Anne TURSZ, pédiatre et épidémiologiste à l’Inserm “si les familles défavorisées sont souvent sur-représentées dans les statistiques, c’est surtout parce qu’elles sont plus l’objet de l’intérêt des services sociaux”
Il est nécessaire de briser cette idée reçue pour plusieurs raisons :
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Elle culpabilise injustement les familles défavorisées
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Elle alimente la stigmatisation des enfants maltraités
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Elle masque la réalité de la maltraitance au sein des autres familles
Restons vigilant, la maltraitance peut être partout, même dans les environnements qui semblent les plus sûrs.
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