En 2024, dans le cadre des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, le rapport « Ma santé, notre avenir – Investir dans la santé des enfants d’aujourd’hui et de demain : une urgence » soulignait la nécessité de faire de la prévention en santé du jeune enfant une priorité gouvernementale. Parmi les pistes avancées figurait notamment la proposition de renommer les PMI en « Maison des 1000 premiers jours et de l’enfant ». Cette suggestion ayant suscité notre intérêt, nous avons interrogé les professionnel·le·s, les familles et les citoyen·ne·s sur la pertinence d’un changement de nom.
Il y a 80 ans, la Protection maternelle et infantile (PMI) voyait le jour dans un contexte d’après-guerre, avec pour priorité la lutte contre la mortalité infantile. Son nom, marqué par les préoccupations de l’époque, résonne encore aujourd’hui, mais il est temps qu’il se renouvelle. Présents sur tout le territoire français, les services de PMI soutiennent désormais les enfants de 0 à 6 ans et leurs familles. Le monde a changé, et avec lui, les missions de la PMI, qui s’étendent bien au-delà de la “protection”.
Une étude récente, menée par l’Agence Kalía, révèle un constat partagé par les professionnel·le·s, les familles et la population générale : le nom « Protection maternelle et infantile », figé dans une vision des années 1940, ne reflète plus la diversité des missions actuelles de la PMI, notamment son rôle préventif.
À l’occasion de ses 80 ans, il est temps de redonner à la PMI une identité qui incarne pleinement sa mission au service des familles.
Entre confusion et méfiance
À ses débuts, la PMI se focalisait sur la survie des plus vulnérables, avec un objectif primordial : réduire la mortalité infantile. Aujourd’hui, elle remplit des missions bien plus larges, incluant notamment la prévention et le soutien à la parentalité. Mais, son nom reste trop souvent associé à une menace ou à un danger. Elle intervient pourtant bien au-delà de la simple protection : elle soutient, accompagne et prévient.
Les résultats de l’étude menée par l’Agence Kalía montrent qu’une proportion significative des familles usagères (40%) associe malheureusement encore la PMI à des interventions intrusives ou punitives. Le mot « protection » continue de véhiculer une idée péjorative, alimentant les peurs, en particulier chez les parents qui ignorent le rôle bienveillant et préventif de ce service.
Enfin, la PMI est encore trop méconnue auprès de la population générale. Seulement 39 % des non-usagers connaissent l’existence de la PMI, et parmi eux, beaucoup la confondent avec d’autres sigles comme la PMA ou n’identifient pas son rôle préventif.
Un nouveau nom pour redonner du sens
Il est urgent de redonner à la PMI une identité qui reflète pleinement son rôle. Un nom plus clair, plus juste, et qui soit en phase avec les réalités d’aujourd’hui. Aussi, 91% des professionnel·le·s interrogé·e·s estiment qu’un nom plus explicite valoriserait mieux leurs actions et influerait positivement sur la fréquentation du service.
La PMI n’est plus seulement un service de « protection », elle est un acteur clé de la prévention et du soutien à la parentalité.
Un nouveau nom dissiperait les confusions, moderniserait l’image de ce service et renforcerait la confiance des usagers. Ce changement traduirait l’évolution de notre société, en s’éloignant des représentations genrées. Car la PMI d’aujourd’hui ne doit pas s’adresser uniquement aux mères et aux enfants : elle doit pouvoir accompagner tous les parents, quelle que soit leur situation ou leur composition familiale.
Ne prenons pas le risque de laisser perdurer des représentations obsolètes et des malentendus qui freinent l’accès à la PMI et renforcent les inégalités.
Nous avons l’opportunité de dissiper les confusions, de rétablir la confiance et de mieux représenter la richesse de ses missions.
Changer le nom de la PMI n’est qu’un maillon parmi d’autres. Cela n’aura du sens que s’il s’inscrit dans une démarche plus globale de transformation du service, à la hauteur de ses missions d’aujourd’hui.
Nous appelons les acteurs et actrices engagé·e·s pour l’enfance à se joindre à cet élan. C’est maintenant qu’il faut agir !
Avec le soutien de :
- Michèle Peyron, Députée de 2017 à 2024 et auteure du rapport “Sauvez la PMI”, publié en 2019.
- Peggy Alonso, présidente de l’ANPDE (Association Nationale des puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiant(e)s)
- Isabelle Santiago, députée du Val-de-Marne
Autrices
Illona ROUEZ
Responsable communication de l’Agence Kalía
Océane MARTIN
Apprentie chargée de projet à l’Agence Kalía
Toutes les deux la vingtaine, nous avons rejoint l’Agence Kalía sans savoir ce qui se cachait derrière l’acronyme PMI. Au fil de notre expérience, nous avons découvert l’importance de ce service public, essentiel pour la prévention en santé de l’enfant et de sa famille. Pourtant, une question nous est rapidement venue à l’esprit : aurions-nous, en tant que citoyennes, fait confiance à un service nommé « Protection maternelle et infantile » ?.
Plutôt que de rester seules avec cette interrogation, nous avons mené une enquête auprès des professionnel·le·s de PMI, des familles usagères et de la population générale.
L’objectif ? Comprendre leur perception et évaluer l’impact du nom sur la visibilité et l’accessibilité de ce service essentiel.
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